Vous avez dit
« âo » ?
La diphtongue « âo » correspond souvent à ce que l’on écrit « au » en français…
Il serait plus simple d’écrire en français « o », n’est-il pas ?, ch’paé ?…plutôt que d’hésiter entre « o », « au », « eau », « ô »…
Cette orthographe française est une survivance momifiée de sons variés et complexes du Moyen Âge. Le son « au » était une diphtongue « a + u (pouvant se prononcer ou) ».
En normand, la diphtongue est conservée : « i fâot » (il faut), mâogré que (bien que), câoffaer (chauffer), …
Nous mettons un accent circonflexe sur le a, (âo), pour marquer que ce son â est allongé, alors que le son o qui suit est plus bref.
Cependant, les auteurs par le passé écrivaient plus volontiers « aô », et cette habitude est restée pour les journalistes qui écrivent peu en normand et qui croient bien faire avec ce aô. La Presse de la Manche, Ouest-France et Vikland ont tous écrit récemment « La Neire Maôve », nom de la goélette du Cotentin qui reprend du service avec les beaux jours. Et pourtant le nom peint sur la coque est bien « Mâove » ! Mais c’est plus fort que tout et il n’y a pas d’ « Académie normande » pour conseiller ces auteurs de bonne foi…
D’où cet article de blog, simplement pour relayer et rappeler les décisions prises vers 1980 par les principaux héritiers des réflexions faites par Fernand Lechanteur (décédé en 1961) et souvent écrivains eux-mêmes ayant commencé en écrivant « aô » puis acceptant la modification en « aô ».
Deux exemples avec les plus grands : Côtis-Capel écrivit en 1980 dans son recueil « Graund câté » (Grand château, nom évocateur d’un rocher des falaises de La Hague) : « Faôrait qu’aôt’ part n’y-eut pus d’ neircheu » (p. 68). Dans « Les Côtis » (nom des côteaux qui dominent la mer), – livre édité en 1985 par Isoète à Tchidbou / Cherbourg -, Côtis-Capel écrit toujours âo, par ex. : « Par-dessus le tchyin afouaé / Et que sen maîte veurt mâodire » p. 144.
De même Aundré Smilly (Hippolyte Gancel) utilise encore « aô » dans le volume I de « Flleurs et plleurs de men villâche » (ex p. 124 : « Aô coup no la portit dauns l’aôberge »), puis « âo » dans le volume II édité en 1986 (ex p. 128 : « En pllèche du câod oû riga, (…) eune freid de fé et de mâotaé, qui sâote li glléchi sen quoeu. » (Au lieu de la chaleur de la toupie, (…) un froid de fer et de malignité, qui saute lui glacer le cœur).
Doun, merci pouor « La Neire Mâove » ! Ch’est-i byin coumprins ?!
La Goélette du Cotentin
Le choix d’un nom normand est une heureuse initiative des promoteurs de cette magnifique goélette, construite à Cart’ret en suivant des plans anciens retrouvés à Guernési / Guernesey. Un bateau fort utile fin XIXe s. pour pêcher le maqueré, et pour les plus grandes (jusqu’à 14 m de longueur) transporter marchandises et gens par ex. de Jèrri / Jersey à Cart’ret…
Deux types sont discernables en fonction de leurs « métiers » et de leur répartition géographique : les petites goélettes (4,50 à 8m) pratiquent la pêche aux casiers et aux lignes, alors que les bateaux plus grands (11 à 14m) sont utilisés pour la pêche aux cordes ou aux filets de dérives, pêchant jusqu’aux côtes de l’Angleterre. Elles sont également utilisées pour le bornage, comme bateau-pilote ou pour le transport de passagers.
La Goélette du Cotentin est issue d’améliorations des « chasses-marées » utilisés vers 1820 dans toute la Manche Ouest. La carène évolue vers un bateau plus fin, plus rapide et plus manoeuvrant. Vers 1870, elle acquiert un gréement particulier : celui de goélette à bordure libre.
La Neire Mâove a trois mâts : de misaine et de taille-vent portant des voiles auriques à bordure libre surmontés d’une voile de flèche. Un grand foc est armuré sur le beaupré à l’avant, et à l’arrière le tape-cul complète ce gréement.
La plupart du vocabulaire normand (puis français) des bateaux est hérité des bateaux vikings (quille, babord, vague,…) ainsi que le mot « mâove » qui désigne les mouettes en général. La neire mâove (ou neithe maôve à Jèrri) (« mouette noire ») désigne plus spécialement le goéland argenté. Nous reviendrons sur le vocabulaire scandinave dans un autre article…
Le bateau, construit à l’initiative de l’association « Vieux Gréements en Côte des Iles », a été redessiné par l’architecte naval de Jersey Alan Buchanan. Le chantier de construction, sur le port de Barneville-Carteret, ouvert au public, commence en 1991.
La mise à l’eau a lieu le 4 juillet 1992. Les promenades en mer se font à prix raisonnables lorsqu’on loue les services de l’équipage de La Neire Mâove »… C’est un bateau adapté à la haute mer, mais également à l’échouage dans les ports et les havres de la côte normande. Il navigue, au départ de Carteret, sur les côtes du Cotentin, dans les îles anglo-normandes, ainsi qu’en Bretagne ou en Angleterre. Le Neire Mâove peut accueillir 20 passagers en journée, en plus de l’équipage. Avec 8 couchettes simples (dont deux réservées aux enfants), et 2 couchettes doubles, il propose aussi des croisières de plusieurs jours pour 12 passagers.
Sur Internet, la confusion liée à cet accent ^ ^ est totale :
1) Wikipédia, lahague.com, le site de La Neire Mâove… et celui de Magène reçoivent un bon point, tous en âo.
Cf. <la Neire Mâove – Chansons normandes du Cotentin> et <Plus d’images pour La Neire Mâove>
►• Neire Mâove — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Neire_Mâove
Le Neire Mâove est une goélette « du Cotentin », goélette avec un mât de tapecul à livarde, à coque bois, construite en 1991-1992 dans un chantier naval de …
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• Images correspondant à La Neire Mâove
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• la Neire Mâove – Chansons normandes du Cotentin
chansons.normandes.free.fr/maove.html
La Neire Mâove grile ilo liement. D’aveu ses veiles oû couop du vent. Ol est reide fyirte dauns l’s écllipaées. Touos nouos, j’admirouns à la veî. Et la Neire … (Texte bilingue complet en fin de ce billet).
• La Neire Mâove fête ses 20 ans
http://www.lahague.com/?ThemeID=6&CatID=83&SousCatID=326
20 août 2012 – La Neire Mâove : la renaissance des goélettes puce Elles avaient disparu et avaient été presque oubliées. Grâce à un concours, organisé par …
2) Mais, sifllets et cardrouns (chardons) pour Ouest-France, portdielette.fr, tourisme-pays-granvillais.com, et d’autres !
►• La Neire Maôve, goélette du Cotentin. – Association des …
http://www.portdielette.fr/article-la-neire-maove-goelette-du-cotentin-1177416…
4 juin 2013 – Neire Maôve (« mouette noire », en patois normand) est une représentante de la catégorie des grandes goélettes, inspirée par Lilian (construite …). [Article détaillé et très belles photos].
• La Neire Maôve, vieux gréement de Carteret fête ses 20 ans …
http://www.ouest-france.fr/la-neire-maove-vieux-greement-d…
4 août 2012
Dès ce samedi soir 4 août avec l’arrivée de ses copains d’abord, d’autres vieux gréements comme elle, la …
• [PDF]
Naviguez à bord du Neire Maôve – Station Nautique Granville
http://www.tourisme-pays-granvillais.com/…/voiliertraditionnel-neiremaove.pd…
Naviguez à bord du Neire Maôve. Construit en 1992 dans le cadre du concours « Bateaux du patrimoine des côtes de France » à l’occasion des fêtes maritimes …
3) Bien sûr, les noms de site refusent tout accent, domination universelle de l’anglais ! d’où <neire-maove.com>. Mais il y a ceux qui jouent à Ponce-Pilate en ne mettant pas d’accent du tout ! normandie-tv.com écrit : « les 20 ans du Neire Maove », et Corsaire sur ioutioube : « La Neire Maove (ATACOM) – YouTube »
►8 août 2012
Festival de la Mer Anglo Normande pour les 20 ans du Neire Maove au port de Carteret. Par : Normandie TV …
• Neire Maove Goelette du Cotentin Vieux greements en cote …
goelette.chez.com/
NEIRE MÂOVE. RETROUVEZ LA GOELETTE DU COTENTIN SUR SON NOUVEAU SITE » neire-maove.com «
• Neire-maove.fr – URL metrique
urlmetriques.co/www.neire-maove.fr
En France, Neire-maove.fr est classé 3 135 214, avec un nombre de visiteurs mensuels estimé à < 300. Cliquez pour voir d’autres données concernant ce site.
• La Neire Maove (ATACOM) – YouTube
► 4:57► 4:57
http://www.youtube.com/watch?v=0fQw8d47fpA
2 mars 2011 – Ajouté par CORSAIRE
Ce film a été réalisé à partir d’archives de 1993 de l’association ATACOM. Post-production et réalisation …
La Neire Mâove Daniel Bourdelès
La Neire Mâove est une magnifique goélette du Cotentin. Elle a été créée en 1992. Carteret est son port d’attache. Elle est la réplique d’un modèle ancien auquel ont été ajoutés de nombreux perfectionnements de navigation et de confort. Des passionnés la font vivre et vous proposent des voyages à son bord. Contactez-les ici :
« http://www.neire-maove.com/bienvenue/bienvenue.html ».
La Neire Mâove
Extrait du CD « Veillie normaunde », 7 chansons
Paroles, chant & Musique : Daniel Bourdelès
et 12 récits par les gens du Cotentin.
La Neire Mâove grile ilo liement
D’aveu ses veiles oû couop du vent.
Ol est reide fyirte dauns l’s écllipaées
Touos nouos, j’admirouns à la veî.
Et la Neire Mâove
Ol a prins s’n évo
Dauns la flleu de brôe
Qui nous balie les joes
Promais que le vent seit byin allaunt,
Cha cllaque du tape-tchu oû tâle-vent.
Sitôt que no passe le naez de Carteret,
Jèrri daunche oû bouot du biâopraé.
Ch’est pus le temps que les saisounyis
S’ n allaient en bistchène à Jèrri
Pouor défoui les caumps de pouneterres ?
Reide ernaés, ma de mé, qui minsère !
Le graund métyi, cha remounte à louen.
Sus le pont qui relise, ya pus de cllos-pouengs,
Ya pus mais de cllaés à maraundaer,
Ryin que des horsins qui vyinnent rêvaer.
Emposaez doun le vent d’écapaer!
Que ses teiles seient tréjous byin croulevaées!
Bllaunches coume les âles des mâoves, et neires
Coume les revénaunts des vuules histouères.
Traduction normand / français :
La Neire Mâove glisse là-bas, majestueusement,
Avec ses voiles gonflées de vent.
Elle est très fière dans les embruns.
Nous tous, on la regarde avec admiration.
Refrain :
Et la Neire Mâove,
Elle prend son envol
Dans la fleur d’écume
Qui nous mouille les joues
Quand le vent est bon,
Ca claque du tape-cul au taille-vent*.
Dès que l’on franchit le nez de Carterêt,
Jersey danse au bout du beaupré.
Il est révolu le temps où les saisonniers
Partaient en bisquine à Jersey
Pour y arracher les pommes de terre.
Mal de reins, mal de mer, quelle misère !
Le grand métier, ça remonte à loin.
Sur le pont qui brille, il n’y a plus de tourteaux,
Il n’y a plus de casiers à mettre à l’eau,
Rien que des promeneurs qui viennent rêver.
Empêchez donc le vent de s’échapper,
Que ses toiles soient toujours bien jouflues,
Blanches comme les ailes des mouettes, et noires
Comme les revenants des vieilles histoires.
* tape-cul : mât arrière, taille-vent : mât avant
Quelques exemplaires du CD Veillie normaunde sont encore disponibles dans la boutique du site magene.com
Très belle chanson que l’on peut écouter en partie sur le site. Paroles & Musique : Daniel Bourdelès !