Un poète honoré au cimetière Saint-Paul de Granville
Mardi 8 avril, les membres de trois associations littéraires normandes ont déposé une plaque en grès sur la tombe de Joseph Mague.
Vingt-cinq membres du Point d’Alençon, de l’Université inter-âge de Caen et de Magène ont ainsi voulu rappeler qu’un poète passionné et méconnu habita à Granville.
Joseph Mague (1875-1940) a écrit des poèmes de qualité en français et en normand. En particulier, ses vingt-quatre « Canchons du Bessin » sont recherchées par les collectionneurs de cartes postales, mais les mélodies en sont ignorées ou perdues. Ces poèmes font revivre les Normands des années 1900-1914. Humour et nostalgie ajoutent un intérêt aux descriptions ethnographiques.
Daniel Bourdelès est tombé sous le charme de La Feire ès Ougnons, la Partie d’ Mé, Les trachous d’ bouais, La grousse Angelina, La p’tite servante, La Dentelière… Il a composé des mélodies qu’il chante sur un nouveau CD titré « Angelina »1.
Joseph Mague a publié à Balleroy ses poèmes illustrés de photos. Mais aucun portrait de lui n’a pu être retrouvé.
Lionel Bonnetot a reconstitué la biographie de J. Mague. Ainsi, il a pu la résumer en lui rendant hommage sur sa tombe.
Une jolie plaque en terre cuite vernissée a été fixée sur la tombe familiale, chacun est invité à faire un petit détour dans le carré 8 du cimetière Saint-Paul pour la découvrir.
Elle a été imaginée par le potier Lionel Jean (son atelier est ouvert au public à Sottevast près de Bricquebec)3. Elle a la forme d’une canne à lait sur laquelle on peut lire « Joseph Mague, 1975 – 1940, poète, auteur des Canchons du Bessin »2.
C’est à l’occasion d’un voyage organisé par Michel Le Bas
que cet hommage à Joseph Mague a pu être rendu,
avec les visites guidées du musée de la poterie de Ger,
du chrismale de Mortain,
du Scriptorial d’Avranches,
de l’Abbaye de La Lucerne
et du Musée du Vieux Granville.
Lundi soir, une veillée à la Maison d’accueil de Saint-Jean-le-Thomas a permis d’entendre plusieurs chansons interprétées par le compositeur Daniel Bourdelès lui-même, magène byin (bien sûr, naturellement).
Les conteurs du Cotentin et du Bocage ont fait découvrir la riche littérature des auteurs dialectaux de la Normandie du Nord et du Sud de la « ligne Joret » (qui sépare ceux qui disent « eune pouque » de ceux qui prononcent « eune pouche »).
Car, à Flers et Alençon aussi, des écrivains ont pu transformer ce qui était considéré comme un patois en langue à part entière.
Une langue qui existait déjà au XIIe siècle, comme a pu le démontrer Catherine Bougy, universitaire, dans sa conférence passionnante donnée lundi au Scriptorial.
1. Cd disponible sur le site magene.com (12 € port inclus). Cf. le compte-rendu élogieux du CD Angelina dans le n° d’avril-mai-juin de Patrimoine Normand. La p’tite servante fut chantée en 1994 sur le CD « La Louerie », La Dentelière gravée sur le CD-album La Dentélyire en 2011.
2. Pour en savoir plus, consultez les autres billets sur Mague dans ce blog. « L’adrèche sus la Teile, ch’est sus http://www.magene.com ou byin : https://languenormande.wordpress.com/ »
3. « Au Goubelin malin », Lionel Jean, céramiste, 28 Chemin de la Raterie 50260 SOTTEVAST, téléphone : 02.33.41.97.29 lioneljean.50@orange.fr ; http://www.augoubelinmalin.wifeo.com